Et puis vendredi 2, alors que j'allais prendre du temps pour écrire mon article, subitement, Suzanne est morte. Il a fallu gérer la suite, essayer d'être la sans faire de bruit et je n'ai pas eu le temps d'écrire.
Aujourd'hui, ça fait bientot 15 jours que Suzanne est partie, et une semaine qu'on l'a remise A Dieu. J'ai pas vraiment plus de temps pour écrire mais j'ai au moins un peu de recul. _
_ Suzanne a toujours eu une extraordinaire mémoire, malgré tout. Elle pouvait nous raconter pendant des heures tous ses souvenirs, les vacances, les voyages avec la chorale, Savines, les souvenirs de sa maison et bien sur la chanson spéciale, qu'elle répetait un nombre de fois si important qu'il n'est plus possible de compter.
Suzanne était surtout une grand-mère avec tout ce que ça implique : la tartiflette à chaque saison de ski, le livre à chaque Noël, les balades à la Mazelière quand on était momes, les expressions de Mamie, les ronds de serviette et les couverts offerts à chacun de nous aux Orres. Malgré tout, même quand elle a commencé à oublier les choses les plus simples, comme le fait que le chocolat ne se range pas dans le frigo ou même le jour qu'on était, elle est restée à nos côtés.
Avec Jean-Pierre, il était le couple le plus différent qui soit. Elle était presque son contraire que ça en était drôle. Et pourtant, ils ont vécu plus de 54 ans d'amour, eu 4 enfants et 6 petits enfants. Leur amour était si fort, qu'il l'a toujours accompagné dans la maladie, il a cherché son sac avec elle jusqu'à ce matin d'octobre 2008. Vous étiez si proches que son absence a été terrible, qu'elle n'as pas cessé de le chercher pendant les 4 années qui viennent de s'écouler. C'est bien de se dire que vous allez vous retrouver.
C'est grâce à son caractère de chiottes (dont j'ai en partie hérité) qu'elle a survécu (et je dis bien survivre) sans lui ces 4 années. Elle a su s'opposer à ses enfants, elle a su rester autonome. Ils ne peuvent qu'en être fière. Sa volonté d'autonomie l'a conduite à la solitude mais c'était ce qu'elle avait toujours souhaité. Ce que Jean-Pierre avait promis.
Malgré la maladie, qui ces 4 dernières années, n'avait fait qu'augmenter et bouffer complétement son cerveau, elle restait une grand-mère formidable, généreuse et à l'écoute. _
_ Bien sur ma grand mère me manque mais j'ai un sourire en pensant qu'elle est partie en sachant qui j'étais & que j'allais me marier. Pour moi c'est le plus important. La maladie ne l'avait pas encore totalement emportée. Elle ne connaissait plus les jours, oubliait parfois de manger, ne retenait plus aucune information, vivait en 1945 à certains moments, pensait que Jean-Yves était son mari disparu mais bordel elle savait encore qu'elle avait 4 enfants, elle savait faire marcher sa télé, elle savait que Marine allait se marier ou encore que Juliette était une jeune fille blonde comme dans la série télé. Elle savait encore ouvrir sa porte et se faire cuire des raviolis. Mais elle oubliait les choses et elle a finit par monter sur cette échelle et tomber. _
_Je n'ai désormais plus aucun grand parent. Et c'est cette absence qui est douloureuse. Parfois c'est beau de se dire qu'ils seront fiers de moi le 14 septembre d'où ils sont mais quand même, j'aurais aimé qu'ils soient autour de moi pour de vrai, les voir chialer un peu, voir Jean-Pierre s'ennuyer sur une chaise et Maurice faire danser Suzanne & Micheline ! La messe leur sera dédiée, cela me parait désormais évident. Quand je vais entrer dans l'Eglise, j'aurais la tête la-haut avec eux.
Et puis c'est idiot hein, méchant et sans doute pas évident, mais putain que je leur en veux aux grands parents de L'Amoureux de refuser de se déplacer ! _
Micheline - 16 février 2007
Jean-Pierre - 27 octobre 2008
Maurice - 4 juillet 2011
Suzanne - 2 novembre 2012
Jean-Pierre - 27 octobre 2008
Maurice - 4 juillet 2011
Suzanne - 2 novembre 2012
... et merci de ce que tu me dis pour mon futur stage : j'espère qu'il se réalisera sans anicroches. Mais je pense encore écrire un peu sur mon blog avant le départ à ce propos...